Quelle précarité énergétique rencontre-t-on dans les copropriétés ? Quel parcours ont suivi les ménages qui sont sortis de la précarité énergétique ? Réponses en texte, en images et en sons avec le volet 2 de notre dossier, « La précarité énergétique dans les copropriétés en France ».
Cet article s’appuie sur les résultats d’une étude1 réalisée par l’Observatoire National de la Précarité Énergétique. Pour définir la précarité énergétique, les auteurs de cette étude ont retenu 3 critères. Tout ménage présentant au moins l’une de ces 3 caractéristiques peut être qualifié de « ménage en situation de précarité énergétique ». – Un taux d’effort énergétique hors norme : quand 8 % des revenus d’un ménage sont consacrés aux dépenses en énergie et que ce ménage fait partie des 30 % des ménages les plus modestes. – Des dépenses en énergie disproportionnées par rapport aux revenus : l’indice Bas Revenu Dépenses Élevées permet d’identifier les ménages qui ont des dépenses en énergie supérieures à la médiane des ménages français et dont le reste à vivre par unité de consommation est inférieur à 60 % de la médiane. – Enfin, les auteurs parlent de précarité énergétique, quand le revenu par unité de consommation est inférieur ou égal au 3è décile et que le ménage constate une sensation de froid ressenti avec pour cause l’un de ces 5 motifs : – installation de chauffage insuffisante ; – panne de l’installation de chauffage ; – mauvaise isolation thermique ; – limitation du chauffage à cause du coût ; – coupure d’énergie liée à des impayés. |
Le logement collectif en France

Le logement collectif privé représente 7, 2 millions d’appartements en France, soit 28 % du parc des résidences principales.

Les logements collectifs sont occupés à moitié par des propriétaires, à moitié par des locataires.

En copropriété, 25 % des locataires et 9 % des propriétaires sont des ménages en situation de précarité énergétique.
Profil du ménage précaire en copropriété
Les ménages précaires en copropriété occupent majoritairement des petites copropriétés et des immeubles anciens.

60 % d’entre eux occupent des immeubles de moins de 10 logements.
40 % d’entre eux occupent un logement construit avant 1948.
Les ménages précaires énergétiquement sont surreprésentés dans les copropriétés de moins 20 lots, construits avant 1948 et entre 1949 et 1978, avec chauffage individuel.
Les occupants des immeubles de moins de 10 logements représentent la moitié environ des habitants des copropriétés.
La répartition géographique des ménages précaires en copropriété n’est pas homogène.
On trouve plus de ménages en situation de précarité énergétique dans les copropriétés de la région Nord-Est, du littoral méditerranéen et des unités urbaines de moins de 200 000 habitants.
Les ménages précaires passent plus de temps dans leur logement que la moyenne des occupants. Pourquoi ? Le plus souvent parce qu’ils sont sans activité professionnelle.

50 % d’entre eux déclare s’absenter du logement 3 heures et moins par jour, contre 37 % pour l’ensemble des occupants d’appartement en immeuble collectif.
Quelles sont les principales caractéristiques des ménages en situation de précarité énergétique dans les copropriétés ?
- Ils ont un faible niveau de revenu, situé souvent dans le 1er et 2ème décile, soit 2 à 3 fois moins élevés que celui des autres occupants.
- Ils sont sans emploi ou dans l’incapacité de travailler.
- Leurs dépenses énergétiques sont supérieures à la moyenne : 23,6 €/m2/an contre 19 €/m2/an.
- Ce sont souvent des personnes seules : plus de la moitié d’entre eux sont composés d’une personne seule sans enfant.
Dans la plupart des cas, les copropriétés des ménages précaires sont en bon état voire très bon état. Par exemple 58 % des ménages ayant un taux d’effort énergétique supérieur à la moyenne vivent dans des copropriétés en bon ou très bon état, contre 75 % pour l’ensemble des Français.
Rares sont les logements des ménages précaires qui sont signalés insalubres ou hors norme, ou qui présentent des signes d’humidité sur les murs, ou encore des fenêtres laissant anormalement passer l’air. Cela signifie que la précarité énergétique ne se voit pas forcément au premier coup d’œil.
Néanmoins, parmi les ménages précaires en copropriété, le nombre de ménages déclarant habiter dans un immeuble en mauvais état ou en état d’insalubrité est supérieur à la moyenne française.
Rénover la copropriété pour sortir de la précarité énergétique
Pour sortir de la précarité énergétique, les copropriétaires peuvent entreprendre des travaux d’économies d’énergie sur les parties privatives et/ou sur les parties communes de leur résidence.
La rénovation globale de l’immeuble est souvent la solution à privilégier : elle porte sur plusieurs gestes de travaux (par exemple : isolation + changement de chauffage) et permet une amélioration en profondeur de la performance énergétique du bâtiment.
De nombreuses aides financent aujourd’hui la rénovation globale en copropriété :
- Les aides des collectivités locales comme celles du programme Éco-Rénovons Paris ;
- MaPrimeRénov’ Copropriété qui finance 25 % du montant des travaux ;
- Le Coup de Pouce Rénovation performante de bâtiment résidentiel collectif ;
- L’éco-prêt à taux zéro collectif.

Exemple de rénovation globale
d’une copropriété à Lorient

Travaux :
- Robinets thermostatiques
- Isolation thermique par l’extérieur des murs
- Calorifugeage
- Isolation des planchers
40 % d’économies d’énergie
41 % du montant des travaux couverts par la prime CEE (Coup de Pouce)
et MaPrimeRénov’
1Source : Enquête Nationale Logement 2013, Étude thématique « Qui sont les ménages en précarité énergétique dans les copropriétés du parc privé ? », 2019, ONPE